
Orgueil et Préjugés du point de vue de Mary Bennet
L’autrice Janice Hadlow nous présente Mary Bennet dès son enfance et retrace certains (trop à mon goût) événements d’Orgueil et Préjugés de son point de vue avant de prendre une autre voie. Le livre est d’ailleurs découpé en plusieurs parties (et certaines étaient dispensables). C’est le premier livre aussi long (plus de 650 pages!) que je lis en anglais donc mes pensées risquent d’être quelque peu décousues, mais difficile de résumer un roman aussi long en peu de lignes !
Donc, nous rencontrons une Mary enfant, qui, au détour d’une conversation entre sa mère et sa tante Philips, comprend pourquoi sa mère la traite différemment de ses sœurs aînées. Elle a un visage assez ingrat par rapport à ses sœurs. A partir de là, Mary va s’isoler de ces dernières, toutes plus jolies qu’elle, et va garder une place solitaire dans la fratrie, sans une sœur avec laquelle faire front, comme Lizzy avec Jane et Kitty avec Lydia. Mary essaie donc de se distinguer dans des domaines dans lesquels ses sœurs ne sont pas douées, espérant ainsi attirer l’attention sur elle ou du moins être appréciée pour quelque chose. Elle s’entend très bien avec Charlotte Lucas, qui la voit un peu comme une confidente qui peut comprendre son statut de « vieille fille ». Elle lui recommande ainsi de ne pas répondre favorablement aux galanteries de l’oculiste de Mary, poussant cette dernière à agir contre sa volonté, son cœur et la faisant culpabiliser. Suite à cette expérience amère, Mary se réfugie dans ses lectures, espérant que sa tête saura davantage la guider que son cœur. Puis vint Mr Collins et nous avons tous les événements du roman original vus à travers les yeux de Mary jusqu’à la demande en mariage de Collins à Charlotte.
Janice Hadlow s’écarte enfin du roman de Jane Austen (spoilers !)
Puis, nous faisons un bond dans le temps. Les sœurs de Mary sont toutes mariées et Mr Bennet est mort. Les Collins ont donc pris possession de Longbourn et Mrs Bennet et Mary sont en séjour chez les Bingley. Mais les méchancetés (tellement gratuites!) de Caroline Bingley à l’égard de Mary poussent cette dernière à se réfugier à Pemberley. Mais là encore, le manque de chaleur de Lizzie envers elle lorsque Darcy revient blesse Mary et elle ressent qu’elle est de trop lorsque le couple Darcy et Georgiana sont ensemble. Elle décide alors de retourner à Longbourn mais lorsqu’elle et Mr Collins se rapprochent un peu trop grâce à leurs passions intellectuelles communes, Charlotte se sent en danger et se montre moins chaleureuse. Mary part alors pour Gracechurch Street chez son oncle Gardiner et sa famille. C’est un véritable remake austenien de l’émission « J’irai dormir chez vous » ! J’exagère évidemment : Janice Hadlow nous montre de cette façon combien la position d’une jeune femme célibataire et sans foyer était difficile à cette époque.
A partir de là, les choses deviennent plus intéressantes pour Mary (et un peu pour nous…) qui va se sentir enfin aimée et choyée et prise en main par sa tante Gardiner. Mary rencontre d’ailleurs un des amis de sa tante, Mr Hayward, jeune avocat qui fait furieusement penser à un certain Mr Tilney grâce à sa connaissance en matière de robes. Mais heureusement, l’autrice délaisse vite cet aspect pour donner à ce gentleman un grand amour pour la poésie et Wordsworth en particulier. Un autre gentleman vient faire son entrée, et évidemment, il y a des petits rebondissements amoureux…
Mon avis sur The other Bennet sister
Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins mais je pense que mon résumé était assez clair : on est loin du coup de cœur !
J’ai trouvé ce roman très long (et c’est assez fastidieux quand ce n’est pas écrit dans sa langue natale !) et je pense que certains passages auraient vraiment pu être exprimés autrement voire pas du tout. La première partie est assez longue car elle reprend des événements que tous ceux qui ont lu Orgueil et Préjugés connaissent. Cependant, certains partis pris m’ont laissée perplexe.
Le bal de Netherfield nous montre ainsi une Mary « victime » qui se sent paniquée à l’idée de chanter devant tout le monde alors que sa professeur de musique le lui avait déconseillée, mais son envie de séduire Collins a pris le pas. Sauf qu’elle se rend compte durant son tour de chant qu’elle n’est pas à la hauteur. Certes, la manière dont son père l’interrompt n’est pas des plus agréables, mais elle tient Lizzie pour responsable et lui en garde rancune. Je comprends la logique de l’autrice, mais j’ai du mal à voir Mary comme étant paniquée lors de son tour de chant alors qu’elle aurait volontiers continué si personne ne l’avait arrêtée.
Ensuite, j’ai eu du mal à cerner le personnage de Charlotte… On a l’impression qu’elle est sincèrement désireuse d’aider Mary et de lui prodiguer des conseils qu’elle juge vraiment bons pour elle, tandis que de l’autre, je me suis demandée, comme Mary, si elle ne cherchait pas à la torpiller… Et je n’ai pas aimé avoir d’explications pour le ridicule de Collins ! Comme si on ne pouvait pas admettre que ce personnage est ridicule et puis c’est tout ! Franchement, toute la partie où Mary se retrouve chez les Collins est inutile pour moi… En plus on a Lady Catherine en guest qui vient faire une apparition assez inutile là encore.
Autre bémol : les clins d’œil un peu trop appuyés à d’autres œuvres de Jane Austen. Le fait d’avoir un pseudo-Tilney m’a franchement agacé au début (un gentleman qui se permet de faire des remarques avisées sur les robes, ben voyons !) puis il y a certaines répliques qui sont similaires à d’autres présentes dans Orgueil et Préjugés… Je comprends là encore la volonté de l’autrice de faire des clins d’œil aux fans, mais ça n’a pas pris sur moi car je les ai trouvés peu subtils..
Le ton du livre est quant à lui assez mélancolique et déprimant au début car on se retrouve dans la tête d’une jeune fille mal dans sa peau, qui redoute de finir vieille fille et se trouve mise à l’écart par sa famille. Mary Bennet est un personnage qui n’est pas des plus passionnants à suivre, mais l’autrice a voulu lui rendre justice et par moments c’est réussi. Je comprends ce qu’elle a voulu faire avec Mary et la manière dont elle voulait la voir s’épanouir, mais j’aurais préféré que le récit soit plus concis. La partie où ils se retrouvent tous dans la région des Lacs était sympathique par contre, mais c’est dommage qu’elle arrive si tard dans le récit !
Donc, vraiment, un roman que je ne conseille pas, sauf si vous êtes vraiment curieux de voir Mary Bennet en héroïne et que lire un pavé de 650 pages en anglais ne vous effraie pas !
Justine